L’article ci-dessous retrace tous les temps forts de la visite du Pape François en République démocratique du Congo, et l’engagement des auteurs issus du mouvement des Focolari, ragaillardis à poursuivre sans répit la lutte contre les antivaleurs dont la corruption et le tribalisme.
Du 31 janvier au 3 février 2023, la République démocratique du Congo a vécu une expérience riche en couleurs avant, pendant et après la visite du Pape François dans ce pays martyr depuis des décennies. Devant les défis de tous genres que traverse la RDC actuellement, ce voyage est arrivé au moment juste avec un message fort : « Tous réconciliés en Jésus Christ ».
La réussite de ce voyage a été au finish la contribution de tous. Toute la république a vibré au rythme du Pape et jusqu’aujourd’hui une phrase revient : ‘’effet papal’’… L’unité dans la diversité a été une réalité vitale. La joie de voir les leaders religieux d’autres églises sensibiliser les leurs pour offrir au Pape bon accueil a touché plusieurs personnes à reconnaitre le Pape comme un leader mondial unique en son genre. Un leader porteur des valeurs !
Le Mouvement des Focolari qui travaille pour l’unité était bien impliqué dans les préparatifs aux côtés d’autres structures dans plusieurs commissions : santé, communication, accompagnement des jeunes, chorale… Une synergie, base de la réussite, qui a touché les cœurs de tous ! L’organisation comportait des milliers de personnes. Pour ne citer que le domaine de la santé où Dr Ngoy Arthur, médecin directeur du centre médical Moyi mwa ntongo des Focolari et Muzu Pascal, étaient dans l’équipe de coordination. Les chiffres parlent pour féliciter l’organisation en général : 1035 secouristes de la Croix-Rouge de la RDC, 1200 membres de Pax, 785 infirmiers et Anesthésistes, 270 médecins,… tous venant de différentes paroisses.
Le message du pape François a tourné autour de 3 mots dont : l’espérance, la paix et la réconciliation. Et il a trouvé des mots justes pour chaque public, responsabilisant tous et chacun : la communauté internationale, le pouvoir en place, la société civile, les jeunes, les consacrés…
Dans son premier discours devant les autorités au Palais de la Nation le 31 janvier 2023, le pape a fustigé le colonialisme économique en ces termes : « Retirez vos mains de la République démocratique du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser », invitant les Congolais à jouer leur rôle. Il a aussi invité les Congolais à lutter contre le tribalisme, la corruption, et l’exploitation des enfants.
Le 1er février 2023 le pape François a célébré la messe devant près de 2 millions de fidèles en liesse à Kinshasa. Il a invité les chrétiens à demander la grâce d’une « amnistie du cœur ». Dans son homélie sur la paix, le pape François est revenu sur trois mots : pardon, communauté et mission. « Dans un monde découragé par la violence et la guerre, les chrétiens doivent faire comme Jésus. En fin de célébration, le Pape leur a adressé ce message : « Ne vous découragez jamais ! Jésus croit en vous et ne vous laisse jamais seuls. Gardez la joie que vous avez aujourd’hui et ne la laissez pas s’éteindre. »
L’après-midi, rencontrant des victimes de la guerre qui sévit à l’Est du pays, le Pape a lancé un appel à la conscience de « ceux qui tirent les ficelles » : « Prêtez l’oreille à la voix de Dieu », « Faites taire les armes ! », « Ça suffit ! ». Le Pape a « condamné les violences armées, les massacres, les viols, la destruction et l’occupation en République démocratique du Congo ». Ému, il a témoigné de sa proximité, il a dit : « Vos larmes sont mes larmes, votre souffrance est ma souffrance ». Il a ensuite proposé deux « non » et deux « oui » pour agir pour promouvoir la paix : « non à la violence », « non à la résignation », « oui à la réconciliation », « oui à l’espérance ».
Lors de sa rencontre avec des représentants des œuvres caritatives et des bénéficiaires des organisations caritatives du Congo, le Pape François a mis en avant le travail ardent de ceux qui sont engagés auprès des personnes les plus pauvres et vulnérables. « Je suis venu ici, animé par le désir de donner de la voix à ceux qui n’en ont pas », a déclaré François, les encourageant à poursuivre leur mission.
Parmi les nombreuses œuvres présentes, le Pape a rencontré les personnes aveugles des écoles Petite Flamme du Mouvement des Focolari qui avaient composé pour l’occasion un chant de gratitude pour lui. La plupart d’entre eux ont déjà terminé leurs études mais sont restés attachés à Petite Flamme. Le pape, en les écoutant, était visiblement ému et les a remerciés personnellement.
Dans son discours, il a également indiqué des critères à suivre pour « faire de la charité » : exemplarité, prévoyance et connexion. Travail synodal !
Dans le Stade des Martyrs à Kinshasa, le pape François a rencontré des jeunes et des catéchistes congolais. Près de deux tiers de la population de République démocratique du Congo a moins de 25 ans. Devant une foule chauffée, le pape François a offert aux jeunes cinq ingrédients pour l’avenir, à l’image des cinq doigts de la main : la prière, la communauté, l’honnêteté, le pardon et le service.
Ces jeunes ont exprimé, par des slogans, la fierté d’être catholiques et leur indignation face aux dirigeants en place qui se livrent à la corruption et plongent le pays dans l’impasse. Ils leur ont donné des cartons rouges !
Ensuite, le même 2 février 2023, François a rencontré les consacrés à la cathédrale Notre-Dame du Congo pour un temps de prière, en la fête de la Vie Consacrée. Prêtres, diacres, religieux et religieuses ainsi que les séminaristes lui ont partagé leurs défis, dans un contexte de guerre et la « crise d’identité chrétienne catholique », causée par « la prolifération des églises pentecôtistes ». Le pape François les a avertis contre trois tentations qui les empêchent de vivre leur vocation : la médiocrité spirituelle, le confort mondain et la superficialité.
Au siège de la Conférence des évêques de République démocratique du Congo (Cenco), le pape François a rencontré les évêques. Mgr Marcel Utembi Tapa, président de la Cenco, a saisi l’occasion de cette rencontre avec le pape François pour lui présenter une « supplique » pour la canonisation des deux bienheureux martyrs congolais, Marie-Clémentine Anuarite Nengapeta et Isidore Bakanja. Cette demande a été reprise également par la jeunesse catholique congolaise et africaine qui étudie particulièrement dans les universités catholiques. Ils ont présenté dans leur memo quelques personnes comme modèles à imiter dont Thérèse Kapangala, Mgr Christophe Munzihirwa, Wivine Sebyera, Mwalimu Julius Nyerere.
Lors de leur rencontre avec le Pape à Kinshasa, le 1er février 2023, ils ont exprimé leur demande en ces termes : Qu’est-ce qui justifie la lenteur de l’Église Universelle à reconnaître nos modèles Africains comme des saints, et à nous les offrir comme modèles de foi chrétienne culturellement enracinés dans notre histoire et notre contexte africains ? Nous attendons également la canonisation de la Bienheureuse Anuarite et du Bienheureux Bakanja. Saint Père, allez-vous nous aider pour que l’Eglise Universelle accède à notre demande ?
Le Pape a invité les évêques de RDC « à continuer à faire entendre leur voix prophétique » pour éveiller les consciences. Mais, il ne s’agit pas d’une « action politique », a-t-il précisé. Il a insisté : « Nous sommes des pasteurs et des serviteurs du peuple, pas des hommes d’affaires ! »
Avec ces paroles fortes au moment juste, la RDC ne peut plus attendre d’ouvrir un nouveau chapitre de son histoire de réconciliation qui chaque fois entamée, avorte ! (voir plusieurs tentatives des dialogues, concertations…). Sera-t-il cette fois-ci le bon moment ? Le dialogue entre l’Eglise et l’Etat a pris forme chacun dans sa responsabilité. Les lignes sont tracées et la suite va dépendre de la volonté de chaque partie. Les effets de la visite papale continuent. Une vidéo produite par le diocèse de Goma avec le concours des jeunes du Mouvement des Focolari continue de faire buzz sur les réseaux sociaux. La vidéo a consisté à amener le Pape à l’Est comme il n’a pas pu y aller physiquement. Elle est intitulée : Karibu Papa. Face à face. Et commence avec une phrase forte qui exprime l’est de la RDC : Tokufi te… ! « Nous ne sommes pas encore morts » et termine avec l’Esperance fait vivre, chanté en italien : Ci arriveremo, questo è certo! Perché la nostra forza è infinita. Questa forza che si manifesta nella fede e nella speranza, e che attingiamo dalla fonte per eccellenza, Gesù Cristo.
Témoignage d’un jeune : Pour moi le fait que les jeunes aient applaudi, c’était d’abord une manière de remercier sincèrement le Saint Père d’avoir évoqué une question qu’on voile souvent sur la place publique, surtout par ceux qui gèrent…
Nos applaudissements ont signifié encore que les jeunes, nous en avons marre de la corruption, parce qu’elle détruit le pays, et pour la plupart des cas, ce ne sont pas des jeunes qui sommes impliqués dans les vols et détournements, bien qu’indexés.
C’est vrai que certains jeunes se laissent aussi manipuler et corrompre, mais il y a encore un grand nombre d’entre nous, même dans l’anonymat, qui refusons surtout la politique de la main tendue et qui travaillons, sueur au front, essayant d’entreprendre dans un autre circuit, celui de la méritocratie, malgré le nombre des difficultés auxquelles nous nous heurtons, mais nous ne nous décourageons pas. Voilà ce que nous sommes en train de changer dans notre Pays, même si c’est encore à l’échelle microscopique. Nous ne demandons que d’encourager ces jeunes travailleurs, les laisser profiter des opportunités qui s’offrent à eux, et les soutenir en même temps. Ça changerait beaucoup dans notre pays.
Nous gardons espoir que l’avenir sera meilleur, comme le Saint Père a si bien touché nos cœurs au stade, il nous a encouragés et nous a donné les moyens et techniques de résistance à tous ces maux, surtout à travers l’explication des cinq doigts : la Prière, la Communauté, l’Honnêteté, le Pardon et le Service.
La corruption, c’est tous les jours que ça nous guette. Mais particulièrement quand je me rappelle de bonnes personnes qui ont quitté ce monde et qui ont tout laissé ; en particulier quand je pense à mon Père qui a vécu dans sa simplicité et sa modestie, laissant tomber toutes les occasions malsaines qui auraient pu changer sa vie en devenant un homme riche…, Moi aussi je me dis que tout est vanité, et je reste convaincu que c’est possible de gagner sa vie honnêtement. La Vie est une intelligence, affirme le professeur Bruno Kaimwa, contrairement à l’adage populaire qui dit que la vie est un combat.
Pour une fois encore : Je suis un Diamant. Je dis NON à la corruption !
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