Si l’on n’y prend garde, le territoire stratégique de Muanda, dans la province du Kongo central, pourrait bientôt échapper au contrôle de l’autorité politico-administrative. Une situation née des suites d’un disfonctionnement interne.
Au départ, Mme l’Administrateur du territoire et ses deux adjoints se regardent en chiens de faïence. Le courant ne passe pas comme il se doit. Des caméras de surveillance dans les lieux de service et des enregistrements des réunions de sécurité envoyés au quotidien à certains anciens dignitaires vivant à Kinshasa, avec un ministre Ne-Kongo non reconduit dans Sama II comme interface, en sont des preuves tangibles.
Cette situation est détaillée dans une correspondance jusqu’ici lettre morte, que les deux administrateurs du territoire adjoints lésés ont adressée, au mois de mai dernier, au Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières :
« Après la remise et reprise du 6 janvier 2023, Mme l’Administrateur du territoire de Muanda a instauré une culture d’antivaleur ; ne respecte pas les valeurs de référence de l’Agent public de l’Etat fondées sur la compétence et l’éthique professionnelles. Elle s’érige en obstacle à l’application des textes légaux, aux décisions des autorités hiérarchiques, n’ayant aucune planification des actions et soumettant aux débats les dossiers administratifs à l’ANR et au Conseil local de sécurité ».
Il s’agit là des griefs lourds pour lesquels Peter Kazadi ne devrait nullement fermer l’œil, à moins d’en être complice ! Mais cela ne suffit pas : « Elle s’est permis de transférer aux secteurs la perception de différentes taxes pour que ces derniers rétrocèdent 50% au territoire à la fin du mois… elle a suspendu la perception des frais de libéralité offerts au territoire par la Société PERENCO… nous impose de marcher avec une vision que l’on ne comprend pas et qui mine à petit feu la vision ‘’le Peuple d’abord’’. Si l’on n’y prend garde, il se profile le risque d’affaiblir ou d’anéantir les structures qui soutiennent le Président de la République et bloquer l’instauration de l’autorité de l’Etat », alertent Christophe Bietu et Kinduelo Nicolas, respectivement ATA Financier et ATA Politique et administratif dans cette correspondance.
En clair, « l’Administrateur a tout bloqué. Elle gère seule. Elle n’associe pas ses adjoints. Elle brandit souvent la fibre tribale contre les non originaires. De même, le climat est morose entre elle et les membres du conseil territorial de sécurité », a commenté une autre source, tout anonymat requis.
Et d’ajouter : « elle qualifie ses adjoints d’incapables parlementaires débout,… ajoutant que c’est pour cela que le Président Tshisekedi n’a pas trouvé mieux que de la nommer, se réclamant être de l’ancien parti au pouvoir. Bref, tous les dignitaires administratifs, politiques ou militaires en fonction à Muanda sont une menace pour le régime Tshisekedi. Ils défendent bec et ongles les intérêts de leur maître. C’est le cas de l’expropriation de certains sur le site devant abriter le port en eau profonde. Ils ont fait bloc pour s’opposer farouchement à ce projet du président de la République », a-t-il lancé.
Etant donné que ces éléments tombent à quelques mois des élections, et que le Kongo central est traditionnellement réputé une province pro-Fatshi, il urge que des mesures idoines soient prises en toute urgence. Mieux vaut prévenir que guérir.
Badinews