Comme un coup de couperet, l’horrible nouvelle est tombée ce matin. La reine du Mutwashi, cette héroïne qui a hissé haut dans le firmament international l’étendard de la musique congolaise, spécialement la musique Luba du Kasaï vient de quitter la terre des hommes ce samedi 10 décembre 2022, à l’âge de 64 ans.
»Mamu nationale » ou « Nkasa wa mu tshianda », de son vrai nom Élisabeth Tshala Muana Muidikayi, congolaise de père et de mère, était originaire du Kasaï Occidental ( actuel Kasaï central). Elle est née le 13 mai 1958 à Élisabethville (aujourd’hui Lubumbashi). Et a vécu dans sa polyvalence, remplissant pleinement avec brio le rôle de chanteuse, danseuse, productrice, actrice et femme politique congolaise.
Elle est célèbre pour avoir modernisé et donné ses lettres de noblesse au folklore du peuple Luba, le Mutuashi, dont l’origine remonte probablement au Moyen Âge. « Reine de Mutuashi », l’a-t-on surnommée.
Deuxième d’une fratrie de dix enfants, fille d’Amadeus Muidikayi, militaire, et d’Alphonsine Bambi wa Ntumba, mère au foyer, c’est en 1964, à peine âgée de 6 ans, qu’elle perd son père, assassiné à Watsa par les maquisards Mulelistes pendant la guerre du Katanga. Elle sera d’ores et déjà élevée par sa mère, qui décède en 2005.
Sur scène, c’est un excellent parcours. En 1989, Tshala Muana joue dans le film Falato du réalisateur malien Mahamadou Cissé, alias Mamo Cissé. En 1997, de retour au pays après une vingtaine d’années passées à Paris, Tshala Muana s’engage en politique, épaulée par le président Laurent-Désiré Kabila dont elle était très proche. Elle fonde l’association REFECO (Regroupement des femmes congolaises).
Depuis le début des années 2000, elle s’est mariée à Claude Mashala, homme politique. De 2000 à 2002, elle siège comme députée au sein de l’ACLPT (Assemblée constituante et législative du Parlement de transition). Elle devient ensuite Présidente de la Ligue des femmes du PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), parti politique créé en 2002 par l’ex président Joseph Kabila.
En 2011, elle est battue aux législatives dans la circonscription de Kananga, la ville de son enfance ; l’élection fut, selon elle, truquée.
Depuis son engagement politique, Tshala Muana est une chanteuse à succès de chants politiques et patriotiques.Elle a chanté »Ingratitude », visiblement une bombe contre Tshisekedi avant de revenir avec »Fatshi Béton » pour lui.
Quant à la Carrière musicale, à partir des années 2000, Tshala Muana a assuré elle-même la production de sa musique et, à partir de 2009, la production de jeunes talents, notamment MJ30, Jos Diena, Lula Tshanda et Boss Bossombos. Elle draine derrière elle une diccographie très riche : Mbanda matière (1984),Kami, Nasi nabali et M’Pokolo (1985),La Divine et Antidote (1987), Munanga et Biduaya (1988), The best of Tshala Muana (1989), Yombo (1992), Elako (1993), Ntambue (1994), Mutuashi (1996), Katsha Waya (1997), Pika Pendé (1999), Malu (2002), Dinanga (2003),Tshanza (2005), Mamu Nationale (2 vol.) en 2006, Tshikuna Fou (2007), Enkor et Toujours (2008), Sikila (2009), Vundula (2013), Lunzenze (2015), Cour des grands (2016), Ingratitude (2020) et Fatshi Béton (2021).
Badinews